Le débat actuel sur le télétravail augure-t-il d’un nouveau contrat social ? Un regard sur l’histoire peut être utile pour nourrir notre réflexion.
De passage à Cholet , j’ai visité le Musée du Textile et de la Mode. Témoignage d’une époque où l’industrie textile était florissante en France, avant l’invasion du low-cost asiatique. Les beaux bâtiments de brique éveillent la nostalgie, les extérieurs sont aujourd’hui un jardin où on se promène, mais nous rappellent que la pelouse était autrefois destinée à l’étendage et au séchage des toiles, et que les fleurs étaient cultivées pour fabriquer des teintures de couleur. On frémit devant les machines à tisser, impressionnantes par leur taille et leur mécanique, et devant les cuves de teinture. Le visiteur parcourt des salles bien restaurées, propres et lumineuses, mais la documentation du musée nous rappelle que le travail était difficile, pénible et souvent dangereux.
Je tombe en arrêt devant la photographie d’une maison de tisserands. Avant la production de masse, de nombreux ouvriers travaillaient depuis leur domicile, ce qui pour nombre d’entre eux complétait - un peu- les maigres revenus tirés de l’agriculture. Ils travaillaient sur des métiers à bras installés dans la cave de leur maison. Comme je loge temporairement dans une de ces maisons, coquettement restaurée, le sujet m’interpelle : à l’heure où le débat sur le télétravail fait rage, cette simple photo nous rappelle que la porosité entre le champ professionnel et la vie personnelle ou familiale n’a rien d’une nouveauté, et concerne depuis des siècles une bonne partie de l’humanité au travail.